Le loft était décoré pour les fêtes. J'y tenais. C'était une sorte d'habitude pour moi, l'américain. Faut dire que j'ai baigné dans l'excès dès la naissance. Des guirlandes composées de lumières blanches donnaient l'impression de flotter dans de grands vases modernes transparents. Le sapin, qu'on avait acheté pour l'occasion, était garnis de boules de noel à la mode. Une étoile trônait à son sommet. Il y avait quelques cadeaux à son tronc. Des bougies étaient éparpillées un peu partout dans le salon, sur le plan de travail de la cuisine. Toutes n'etaient pas allumés mais on pouvait tout de même sentir un parfum sucré de fruits rouges : la framboise, la fraise ? Aucune idée.
Cette odeur allait se marier à merveille avec les pancakes que j'allais faire. Les ingrédients étaient disposés devant moi : farine, beurre, sucre, levures, lait, œufs.. Je t'ai regardé appuyer sur le lecteur. La musique s'installa : Poets of the fall - war. Nickel, cette chanson etait une de mes préférés de leur album. Je ne t'avais jamais demandé ce que tu en pensais, d'ailleurs. « Tu aimes ?  ».  Le refrain allait commencer et, comme toujours, je me mis à chanter.

When I thought that I fought this war alone
Quand je pensais que j'affrontais cette guerre seul
You were there by my side on the frontline
Tu étais là à mes côtés en première ligne
When I thought that I fought without a cause
Quand je pensais que je combattais sans motif
You gave me a reason to try
Tu m'as donné une raison d'essayer

Ca n'allait pas être ta tasse de thé de cuisiner avec une chanson aussi lente. Je parie que dès qu'elle sera terminée, tu courras changer le CD pour mettre la radio avec un son beaucoup plus mouvementé. Ouais. J'en suis certain enfaite, parce que vu la tête de fripouille que tu as, une idée t'as traversé l'esprit. Mais crois-moi, je ne me ferais pas avoir cette fois-ci. Non, non. C'est moi qui commencerait le spectacle. Et qui nettoierait sûrement aussi, par la même occasion. Bon cliché masculin, dans un, deux, trois... « bon, on les fait ses pancakes ? C'est que j'ai faim là !  ». Mais c'est la vérité en même temps. Je pris un œuf et le cassa pour le mettre dans le récipient. Puis, je fis de même avec un deuxième, troisième.. Et j'ai profité du fait que tu te retournes pour en écraser un sur ta chevelure brune. J'ai pas vraiment prêté attention a ta réaction car je me suis plié en deux pour exploser de rire. « Aha ! ... J'étais.. Obligé... De le.. Faire !  ».